
Un devis de carrelage, ce n’est pas juste “prix du m² + colle + joints”. Un devis bien fait raconte votre chantier : ce qu’on pose, sur quoi, comment, avec quelles finitions, et surtout ce qui est inclus ou non. La plupart des mauvaises surprises viennent d’un devis trop vague… ou d’une lecture trop rapide.
L’objectif ici : vous donner les réflexes d’un pro pour comparer deux devis correctement, repérer les zones floues et sécuriser votre budget.
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La première question : de quoi parle exactement le prix ?
Deux devis peuvent afficher le même “prix au m²” et pourtant être incomparables. Avant toute chose, vérifiez si le devis détaille clairement :
- la surface réelle prise en compte (sol, murs, zones douche, plinthes, marches…),
- le format et la épaisseur du carrelage (un 60×60 ne se pose pas comme une mosaïque),
- la destination (intérieur, extérieur, douche, piscine) et la finiton (nature, structurée, antidérapante).
Un devis sérieux met noir sur blanc l’usage et le produit, sinon vous comparez des choses différentes.
La ligne la plus importante du devis : la préparation du support
C’est le cœur du chantier. Le carrelage n’est jamais “magique” : il prend la forme du support. Si le sol n’est pas plan, fissuré, humide ou contaminé (ancienne colle, peinture, ragréage mal fait), vous payerez plus tard en fissures, carreaux qui sonnent creux, joints qui lâchent.
Sur le devis, cherchez des mentions claires comme :
- dépose de l’ancien revêtement (carrelage, parquet, vinyle…),
- ragréage (et si possible l’épaisseur moyenne),
- primaire d’accrochage,
- traitement des fissures / désolidarisation si nécessaire,
- reprise de planéité.
Quand ces lignes sont absentes ou floues, la surprise arrive souvent en cours de chantier (“ah oui, il faut rajouter un ragréage…”). Ce n’est pas forcément malhonnête : c’est parfois un devis “au plus simple”. Mais vous devez le savoir.
Pose : “collée”, “sur chape”, “sur natte”… ce n’est pas du détail
La méthode de pose influe sur la durabilité et le prix.
- Une pose collée classique sur support sain est la plus courante.
- Une désolidarisation (natte/membrane) peut être pertinente sur supports à risque, planchers, fissures, rénovation.
En extérieur, la gestion des pentes et de l’évacuation peut changer totalement le temps de main-d’œuvre.
Si le devis ne précise pas la méthode, vous avez un angle mort : vous ne savez pas ce qui a été prévu pour sécuriser le support.
Colle, joints, silicones : les “petites lignes” qui font la différence dans 5 ans
Sur un devis, ces postes semblent secondaires. En réalité, ils décident souvent de la tenue dans le temps :
- colle adaptée au format, au support, et à la zone (humide, extérieur, grand format),
- joint adapté (couleur, largeur, type),
- traitement des angles et liaisons (souvent en mastic sanitaire/PU selon zones),
- et parfois hydrofugation ou protection selon matériaux et usages.
Un devis qui indique juste “colle + joint” sans précision, c’est comme acheter une voiture “avec pneus” : ok… mais lesquels ?
Plinthes, seuils, profils, nez de marche : là où un chantier bascule en “haut de gamme”
Le carrelage, tout le monde regarde la surface. Mais la qualité se voit surtout sur les finitions :
- plinthes (carrelage, MDF, hauteur, coupe),
- barres de seuil et jonctions avec les autres sols,
- profils d’angle, profils de rive,
- nez de marche (sécurité + esthétique),
- joints périphériques et points singuliers.
Deux devis peuvent être proches en prix et pourtant, l’un inclut des finitions propres et l’autre vous laisse les gérer à part.
Salle de bain et douche : la zone où un devis doit être ultra précis
En douche, la question n’est pas “est-ce que ça va être beau”, mais “est-ce que ça va tenir”. Sur le devis, vous devez retrouver clairement :
- la gestion des pentes,
- l’étanchéité (système, zones traitées : sol + remontées murales),
- la bonde / caniveau,
- le carrelage sol adapté (adhérence),
- les joints et liaisons.
Si le devis reste vague (“étanchéité comprise” sans détail), c’est une zone de risque.
Les pièges classiques (et comment les éviter)
Le plus fréquent :
- “Prix au m²” annoncé hors préparation.
- Surface sous-estimée (découpes, chutes, plinthes).
- Format grand = temps réel sous-estimé.
- Extérieur = pas de pente prévue, pas de joints adaptés, pas de détails sur drainage.
- Délais non précisés (temps de séchage, accès chantier, coordination).
La solution n’est pas d’être méfiant : c’est d’exiger un devis qui décrit le chantier.
Votre méthode simple pour comparer 2 devis sans vous faire avoir
Vous devez comparer sur 3 blocs :
Bloc 1 : Support
Tout ce qui prépare le sol/mur (dépose, ragréage, primaire, reprises).
Bloc 2 : Pose
Méthode, surfaces exactes, complexité (découpes, calepinage, pièces d’angle).
Bloc 3 : Finitions
Plinthes, seuils, profils, joints, étanchéité douche, réception.
Si un devis est “moins cher” mais qu’il manque un bloc, ce n’est pas une affaire : c’est un devis incomplet.